J’ai commencé à m’intéresser vraiment au photojournalisme lorsque je suis allée une année à Visa pour l’image à Perpignan après un arrêt au festival d’Arles. Alors que je pensais être conquise par Arles, j’ai été relativement déçue : il y avait de belles expositions, certes, mais j’ai trouvé ça assez inégal (et assez cher…), malgré mon attrait pour les univers des photographes présentés cette année-là dont Saul Leiter, Mario Giacomelli, et le « premier » paparazzi, Tazio Secchiaroli.
En revanche, arrivée à Perpignan, ce fût une vraie découverte : des dizaines d’expositions qui mettaient en lumière les séries complètes de photos que l’on retrouve – faute de place – en partie tronquée dans la presse. Comment et pourquoi donner son point de vue ? Comment montrer et reporter l’actualité ? Nous sommes envahis d’images en permanence, et le flot de celles de l’actualité se retrouve zappé comme le reste. Ces expos sont le bon endroit pour se plonger dans un sujet et prendre le temps de le comprendre.
La question qui revient, c’est celle de la véracité, du faux, de la retouche. Le photojournalisme est-il assujetti aux mêmes règles photoshop que la photo de pub ou de mode ? Quelles sont les limites quand on veut appuyer son point de vue ?
J’ai découvert dans un magazine cette série de Richard Mosse (shootée avec des pellicules aérochrome*), photographe irlandais, et exposée pendant le mois de la photo à Paris. Elle m’interroge beaucoup : ici, on se laisse séduire, la série est inattendue avec des couleurs malabar improbables pour ces photos de rebelles et de guerillas à l’est du Congo. Et justement, c’est ça qui est passionnant : on ouvre à nouveau les yeux, on regarde et on scrute :
*Initialement développé par l’US Army pour la détection de la végétation et des camouflages, ce film de reconnaissance aérienne à sensibilité infrarouge transforme le vert du paysage en de vives teintes de couleur lavande, pourpre et fuchsia. (extrait du CP du Centre Culturel Irlandais)
Richard Mosse : Infra / Mois de la Photo à Paris, novembre 2012
Centre Culturel Irlandais
5, rue des Irlandais 75005 – Paris
9 novembre – 14 décembre 12
Horaires d’ouverture de l’exposition : Du lundi au samedi : 14h-18h (nocturne le mercredi jusqu’à 20h) – Dimanche: 12h30-14h30
entrée libre – exposition fermée les 11, 16, 21 novembre et 1 décembre
13 Comments
Noémi / Trendy Mood
20 novembre 2012 at 13 h 51 minC’est très beau et je ne connaissais pas ce type de pellicule ça me donne très envie d’essayer !
Caroline
21 novembre 2012 at 13 h 57 minAh génial, ne vivant pas proche de Paris, je suis ravie de découvrir des photographes qui y sont exposés. Impressionnantes ces pellicules aérochromes. Merci pour la découverte !
Didineladuchesse
21 novembre 2012 at 14 h 21 minSa rend vraiment jolie pour des sujets délicats !
Petite parisienne
21 novembre 2012 at 14 h 29 minJe découvre grâce à toi . Merci !
Laureen
21 novembre 2012 at 16 h 04 minCes photos sont sublimes, je découvre complètement et je ne peux détacher mes yeux de ces images.
Homeostasie
21 novembre 2012 at 16 h 51 minL’effet des couleurs est vraiment très impressionnant !
Peter
21 novembre 2012 at 20 h 35 minEnorme les images. Même si je suis généralement révulsé pas les images d’enfants soldats.
Anne France
21 novembre 2012 at 22 h 42 minC’est sublime, je reste sciée … Merci pour ces photos. Bises
My little Discoveries
21 novembre 2012 at 23 h 43 minEn effet ces couleurs changent complètement notre point de vue, merci pour ce billet!
La cuisinerie de Nini
22 novembre 2012 at 9 h 05 minMerci pour cet article qui m’a fait découvrir ce photographe qui joue savamment avec les couleurs. Je connaissais déjà le festival de Perpignan, et ça me donne encore plus envie d’y aller un jour…Bonne journée
Une Bâtarde
22 novembre 2012 at 12 h 42 minEn effet ces photos sont d’une beauté rare… Sur la première – en faisant un peu marcher mon imagination mais pas trop non plus – je vois la silhouette d’une femme allongée de dos, avec le galbe de son dos et de ses fesses ^^
Louise la Cerise
22 novembre 2012 at 12 h 53 minMerci pour cette découverte, ces photos sont réellement magnifique et je ne connaissais pas du tout cette technique !
Hugo
22 novembre 2012 at 13 h 12 minChouette effet! Je me demande ce que ça pourrait donner mélangé à d’autres produits… Vivent les expériences!
Sinon, ça me rappelle certaines scènes de la Guerre des mondes avec l’autre là, le dernier samouraï.
Bref. Charmant.